Depuis 2002, Ny Tanintsika intervient dans le village de Soatanana, commune d’Ambohimahazo, région Amoron’i Mania pour le développement de la filière soie. Toutes les femmes du village de Soatanana travaillent la soie, pratiquant la transformation des cocons de soie en bourre de soie, se chargeant de la filature, de la teinture puis le tissage. C’est une activité traditionnelle qui se transmet de générations en générations. Les femmes de Soatanana collaborent avec les Communautés de base gestionnaire (COBA) des forêts de Tapia pour pouvoir s’approvisionner en cocons de soie sauvage. Certaines femmes pratiquent aussi un élevage des vers à soie sur des muriers. Le mariage de la soie d’élevage et de la soie sauvage donne un produit d’une finesse et d’une beauté unique au Monde dont la renommée est au niveau international.
La transformation de la soie : du cocon au tissu
Les cocons sauvages sont collectés dans les forêts de Tapia puis ils sont soumis à des traitements différents :
Ils sont d’abord mis en tremper dans de l’eau pour augmenter leur volume quatre à cinq fois. Ensuite, ils sont séchés au soleil. Une fois sec, les cocons sont bouillis dans de l’eau savonneuse pendant environ une demi-heure et en laissant macérer dans la marmite pendant quatre jours. C’est au cours de cette période de fermentation que la bourre de soie est produite. La bourre sera ensuite nettoyée avec du savon et séchés à nouveau. La bourre est battue avec un bâton pour l’assouplir. Une fileuse peut produire 200 grammes de fil par jour seulement.
Lorsque le fil est formé, les femmes enlèvent la gomme qui s’est amassé autour du fil en le faisant bouillir dans de l’eau savonneuse pendant un quart d’heure et en le laissant macérer pendant une demi-journée. Le fil peut ensuite être rincé et séché à l’ombre.
Les femmes artisans teintent souvent leurs fils avant le tissage. La teinture de la bourre est parfois aussi pratiquée pour produire des nouveaux designs.
Et la teinture ?
Les femmes de Soatanana se sont spécialisées dans l’utilisation de la teinture naturelle pour leurs produits en soie. Elles utilisent des feuilles, des écorces ou des racines de plantes dont elles seules ont le secret. Plus de 20 espèces végétales sont utilisées pour obtenir différentes teintes, dont les principales sont le rouge foncé, le jaune, le marron, le vert, l’orange, le noir. L’obtention de chaque couleur suit un procédé qui lui est propre.
Nos appuis
Avant l’intervention de Ny Tanintsika, les tisserandes de Soatanana ne produisaient que des linceuls (le fameux lambamena). Quand nous avons commencé à travailler sur place, Ny Tanintsika et Feedback Madagascar ont mené différents programmes destinés à l’amélioration et au développement de leurs produits en soie : des formations, du matériel de filature et de tissage à pédales, mais aussi des renforcements de capacités en organisation et gestion d’atelier. Ny Tanintsika a ainsi introduit des rouets de filature et des métiers à pédales, ce qui a permis de créer des motifs nouveaux et d’une grande originalité. Actuellement elles produisent essentiellement des écharpes, ou du tissu au mètre avec d’une grande variété de motifs.
Deux coopératives d’artisans se sont formées à Soatanana : Tambatra et Firaisankina. Elles regroupent plus de 300 femmes tisserandes. Ces coopératives sont devenues les principaux fournisseurs des boutiques spécialisées en soie à Ambositra, Antsirabe et dans la capitale, Antananarivo. Elles peuvent produire en moyenne 200 écharpes par mois. En 2005, Ny Tanintsika et Feedback Madagascar, en partenariat avec l’Association Mondo Giusto ont appuyé la mise en place de la boutique Voajanahary à Ambositra ; une boutique qui vend uniquement les produits de la soie des femmes tisserandes de Soatanana et de la région.
Ny Tanintsika soutient également les coopératives pour la recherche de débouchés internationaux et à l’exportation de leurs produits.
Actuellement, la transformation de la soie fait ainsi vivre des centaines des ménages dans le village de Soatanana. C’est devenu la deuxième activité de la zone après la riziculture et elle constitue une source de revenus vitale pour les familles, permettant de régler les frais d’éducation des enfants, des travaux sur leur maison, d’acheter des matériels et de payer de la main d’œuvre agricoles, ou encore de faire face aux frais d’organisation des fêtes et rites familiaux…
Ecotourisme
Depuis quelques années, le village de Soatanana est devenue la deuxième destination touristique de la région Amoron’i Mania après le pays Zafimaniry.