A Madagascar,  moins de la moitié de la population a accès aux infrastructures d’assainissement de base ; si bien que les gens utilisent en grande majorité des latrines sauvages, ou « défécation à l’air libre ». La défécation à l’air libre entretient le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté. Les pays où cette pratique est la plus répandue atteignent ainsi les niveaux les plus élevés de mortalité infantile, de  malnutrition et de  pauvreté. Souvent la population rurale ignore même les relations de cause à effet entre la pratique de la défécation à l’air libre et  les maladies diarrhéiques qui affectent surtout les enfants de moins de 5 ans.

« Amoron’i Mania Madio » (‘Notre région Amoron’i Mania propre’) est un projet mené par Ny Tanintsika depuis 2011 en consortium avec SAF FJKM Ambositra et Ivom-pandrosoana. Le projet vise à éradiquer la défécation à l’air libre ; une pratique encore ancrée dans la culture et dans la société malgache. Il cible les 4 districts de la région Amoron’i Mania (Ambositra, Ambatofinandrahana, Manandriana et Fandriana) qui sont très touchés par ce problème.

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« Community‐Led Total Sanitation » (CLTS) ou « l’assainissement total piloté par la communauté » est l’approche adoptée par le projet. Des efforts ont été déployés pour vulgariser des outils de sensibilisation incitant les populations à changer leur comportement pour prendre en main leur hygiène et leur bien-être. Une gouvernance locale a été mise en place pour le suivi des installations d’assainissement et des facilitateurs locaux issus des villages bénéficiaires du projet ont été formés pour assurer les activités. Des sensibilisations auprès des villageois sont donc effectuées pour  expliquer les conséquences de la défécation à l’air libre au niveau de la communauté toute entière, notamment en les confrontant à la réalité de ses impacts.

Suite à cette approche CLTS, des villages sont déclarés ODF( Open Defecation Free) ou bien villages Sans défécation a l’air libre mais parmi ces villages, beaucoup n’ont pas pu maintenir leur statut ODF d’où l’adoption d’une nouvelle approche appelée TIC BOUM. Cela vise à renforcer la sensibilisation et rendre pérenne un village ODF. Le TIC BOUM est un évènement de sensibilisation et formation organisé au niveau du Fokontany avec l’implication des autorités locales, notamment les maires et les chefs de Fokontany. Durant la sensibilisation, les formateurs transmettent  des techniques de fabrication des infrastructures  d’assainissement, notamment les dalles  4 MA, les dalles en brique cimenté, les dalles en béton, le Dispositif de Lavage de Main(DLM) de volume moyen, le couvercle a double sécurité, le cadre en bois. Aucune subvention n’est nécessaire pour réaliser les infrastructures ; tous les matériaux de base sont fournis par les membres de la communauté.

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Après chaque TIC BOUM, les ménages construisent leurs propres latrines avec des technologies adaptées pour assurer la durabilité de la superstructure.  La dalle 4MA (MAdio_Mateza_Maivana_Mavo manitona), c’est à dire propre, durable, léger et jaune) est particulièrement utilisée. C’est une dalle lavable, facile à fabriquer, créée à partir de matières plastiques recyclées, de simples bidons jaunes.

Enfin, sont mis en place des comités regroupant les autorités locales, dont les chefs des Fokontany, et des hameaux ainsi que des facilitateurs. Les comités procèdent à l’observation des changements de comportement des gens de la communauté. Ils contrôlent  l’utilisation des zones de défécation et des pratiques intermédiaires, le respect du planning des constructions des latrines, le suivi de la réalisation des activités inscrites dans les plans d’actions communautaires et ceux des autres institutions comme la région, et suivent de près les établissements scolaires et les centres de santé.