On compte 39 espèces d’ignames sauvages à Madagascar, l’ile représentant ainsi le plus fort endémisme du genre Dioscorea de la planète. Plus de 30 de ces espèces ont des tubercules comestibles et au moins 10 sont menacées d’extinction en raison de  leur surexploitation et de la déforestation. 3 des 10 espèces les plus menacées poussent dans les forêts humides du corridor Ambositra-Vondrozo (COFAV), et en particulier dans la région entre les parcs nationaux de Ranomafana et Andringitra, zone plus spécifiquement ciblée par ce projet.

L’igname a une vertu nutritionnelle non considérable puisqu’ elle contient des fortes proportions de vitamines et de nombreux minéraux. Et elle a l’avantage de pousser en continu toute l’année. Cette racine peut donc atténuer taux de la malnutrition dont souffre la population, par son apport  complémentaire aux  récoltes de riz saisonnières et aux cueillettes peu fiable. Cependant, la culture d’igname est une pratique très récente à Madagascar et plus particulièrement dans nos zones ciblées où les espèces d’igname sauvages sont de plus en plus rares et traditionnellement peu consommées

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Ny Tanintsika intervient depuis presque 10 ans pour la conservation de l’igname malgache et sur la lutte contre l’insécurité alimentaire à travers la vulgarisation de la culture amélioré de l’igname. En collaboration avec le Royal Botanic Gardens – Kew (RBG-Kew) et le Kew Madagascar Conservation Centre (KMCC), une étude pilote de conservation et de recherche nutritionnelle sur 1000 foyers a été effectuée dans 30 villages du COFAV entre juin 2007 et mars 2008. A travers cette étude, menée par 20 associations des communautés de base (COBA), gestionnaires de la forêt, Ny Tanintsika a pu se rendre compte d’un vrai intérêt  des villageois pour la culture de l’igname, était prête à développer des techniques de préservation et de transformation du produit. Un projet pilote de promotion de la culture de l’igname (Dioscorea alata) a eu lieu de 2008-2009 avec 4 COBA. Le succès de ce projet pilote a poussé l’extension de l’initiative entre 2010 et 2013  a 21, COBA, en collaboration avec Feedback Madagascar et la Fondation Innocent. Afin de capitaliser ces acquis, et d’appuyer  davantage sur la conservation des espèces endémiques, un nouveau projet ‘AROOVI’ de trois ans a démarré en 2015 avec RBG-Kew et KMCC (financement Darwin Initiative / DEFRA).

Protéger  la nature avec les communautés

Ny Tanintsika, avec le projet AROOVI, vise à conserver des espèces d’ignames menacées par la promotion d’une gestion durable de ces tubercules dans la forêt naturelle et aussi par le  développement de la culture durable d’ignames pour améliorer la sécurité alimentaire.

21 communautés  limitrophes de la nouvelle aire protégée COFAV (Corridor Forestier Ambositra- Vondrozo) situées dans les communes rurales de Vinanitelo, Miarinarivo et Ambohimahamasina ont déjà été cibles pour la seule première année du projet AROOVI. Une extension se réalisera l’année 2016 dans la commune de Tolongoina.

 

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Conservation de la forêt et l’igname

Pour subvenir à leurs besoins élémentaires, la population locale, et en particulier la couche la plus marginalisée, cherche des ignames sauvages dans la forêt. Leur surexploitation a mené à une forte diminution de certaines espèces. D’autant que la pratique ancestrale qui consiste à enterrer la tête de tubercule afin de reproduire un pied  pour l’année suivant est aujourd’hui réalisée avec moins de précaution.

Le projet AROOVI contribue à la conservation de la biodiversité à travers la collecte d’ignames endémiques, l’identification des espèces et leur multiplication in-situ et ex-situ.

Accompagner les communautés

Chaque communauté participe aux activités de protection et de conservation de la forêt et de l’igname. Tout un chacun contribue à la multiplication des espèces d’igname dans la pépinière communautaire et à sa plantation en plein champs. En plus des espèces endémiques locales, 3 autres espèces d’igname sont développés : le Dioscorea Alata, le Dioscorea Florido et Dioscorea Seriflora.

Lutte contre la malnutrition

La valeur nutritionnelle de l’igname est un des nombreux avantages. Elle peut contribuer à résoudre les problèmes de malnutrition des gens de la localité dans la mesure où  la culture d’igname peut assurer un apport nutritionnel  pendant les périodes de soudure.

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Pourtant, l’intégration de l’igname comme aliment dans le quotidien des populations cibles reste un défi. C’est pour cela que Ny Tanintsika aide les femmes dans les communautés à se regrouper et à discuter sur des arts culinaires de l’igname. Des démonstrations culinaires et de transformation d’igname incitent ainsi d’autres femmes à essayer, ces dernières étant un réel vecteur d’innovation et d’amélioration de la vie de foyer.